Arica – Putre

Après le magnifique circuit d’Uyuni et une journée de repos bien méritée à San Pedro, je prends le bus direction Arica, dans l’extrême nord du Chili, à quelques kilomètres du Pérou. Arica est une ville portuaire située dans la région de Tarapacá. Le climat y est aride et les températures quasiment uniformes toute l’année. Cette ville est connue comme étant l’endroit habité le plus aride au monde. Elle est aussi célèbre pour les chiliens comme étant le lieu d’un des hauts faits – la prise du Morro d’Arica – de la guerre du Pacifique (1879-1884) qui opposa le Chili à la Bolivie et au Pérou.

Arrivée à 7h00 du matin dans la ville. Le terminal de bus étant excentré, c’est donc à pied avec mes deux sacs que je rejoins le centre. J’ai du me fabriquer tout pleins de globules rouges en altitude car mes sacs ne me posent plus de soucis. Je galère un peu pour trouver un hostal, puis je pars visiter le centre et le port. Premier constant, la ville grouille de monde. Deuxième constat c’est plutôt moche, sans grand intérêt à part la plage (et encore). Même le port est étouffant, malgré la présence de pélicans et de lions de mers à portée de main. Bref c’est pas le coup de foudre et le contraste par rapport à Atacama est trop violent pour moi. Je décide donc de prendre de suite un billet de bus pour le village de Putré, plus haut dans la montagne. La compagnie « La Paloma » semble la seule qui fournisse ce service… Je prends donc un taxi pour m’y rendre (située loin du centre), car elle ne se situe pas au terminal de bus. Un seul départ par jour à 7h00. Je prends mon billet et, ayant repéré le chemin,  retourne à pied à mon hostal. J’en profite pour me réserver une chambre dans un autre hostal pour mon retour la semaine prochaine.

Le lendemain matin un radio taxi m’amène à l’agence de bus à 6h30. Et là surprise je vois débarquer deux francais croisés à San Pedro (Didier et Dalil) ainsi qu’un autre couple de francais qu’ils ont rencontré à Arica (Thibault et Laure), savoyard de Chambéry. Décidemment beaucoup de francais au Chili. On part donc ensemble pour Putré. Trois heures de bus pour nous faire passer de Arica au bord de la mer à Putré à 3500 m d’altitude, au travers de paysages montagneux désertiques impressionnants. Putré est un petit village charmant, avec sa place, son église toute blanche et ses rues pavées. Ici on respire et il est fait bon vivre, et c’est pas les touristes qui vous embêtent, on n’en voit aucun… Malgré tout on a du mal à trouver un hostal, ils sont tous pleins, car la route pour rejoindre la frontière bolivienne – à 80 km de là – est toute en travaux et les ouvriers logent au village. On trouve finalement un hostal avec des places de libre, le plus cher du village bien sûr. Au moins on aura de l’eau chaude. On part ensuite visiter et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est calme, voire même mort… En fait on est samedi, et le week-end la majorité des habitants descendent à Arica! Magnifique, tout est fermé… On est à contre temps. Impossible donc de trouver un transport pour nous monter dans le parc de Lauca. De plus le temps est nuageux et froid et de gros nuages noirs planent du côté de Lauca. La saison des orages – et oui en montagne il peut pleuvoir ou neiger de décembre à février – est proche. Tout se ligue contre nous… On est vraiment au bout du monde, il y a un parc national à 40 km de là et aucun moyen de s’y rendre.

Après avoir fait tous les hostals et avoir demandé à la moitié du village s’ils ne voulaient pas nous monter avec leur véhicule – moyennant finance – nous tombons dans un hostal un peu excentré « le Terrace » tenu par un couple d’italien qui parle espagnol, anglais, francais et portugais en plus de l’italien… Génial, quel menu! Nous choississons le francais et sympathisons avec lui. Pour faire marcher son business on lui prends un maté de coca et tout va bien. Au bout d’un moment il nous propose de demander à un de ses amis du village s’il accepterait de nous monter. Il doit passer nous voir à 18h00 à notre hotel. Aparitio qu’il s’appelle. On remercie notre italien et nous en retournons à notre hostal jouer au tarot en attendant l’heure dite. A 18h00 personne, 19h00 pareil et 20h00 de même… Ca doit être le quart d’heure chilien. En désespoir de cause nous allons trouver sa femme qui tient une épicerie (une des rares ouvertes) à deux rues de là. Elle appelle son Aparitio de mari et finalement il serait d’accord pour nous monter le lendemain matin. Sauvé, espérons juste qu’il sera un peu plus ponctuel que ce soir… On se dépêche donc d’aller acheter des provisions pour le lendemain, et pour trois jours pour moi qui compte rester bivouaquer là-haut. Ensuite on se fait un bon petit resto – en fait le seul d’ouvert – avec au menu soupe de quinoa et alpagua aux légumes. La soupe est bonne, quand à l’alpagua ca aurait été du boeuf ou du chien bouilli on n’aurait pas vu la différence. En tout cas repas convivial arrosé de bière locale.

C’est un peu l’aventure ici, ca sent le farwest… mais ca me plait. On n’est pas des touristes ordinaires, l’aventure ca se mérite 😉